Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/247

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— Je blague, repartit Durtal, mais n’empêche, mon père, que vous n’ayez mille fois raison ; un moine inoccupé est un moine à moitié perdu, car enfin le travail… c’est du péché en moins !

— Certes, fit le cellerier, mais il est plus facile de signaler le péril que de le conjurer. Il conviendrait de changer le système du noviciat, de relever le niveau des études qui est faible ; il conviendrait surtout de ne pas admettre de paresseux. Cela regarde Dom Felletin ; il est assez intelligent pour le comprendre.

— Sans doute, dit le père Emonot, c’est un remarquable maître des novices.

— Puis il y a de la sainteté en lui, poursuivit Dom Brugier.

— La sainteté de saint Pierre ! Jeta Dom Emonot dont l’œil s’alluma, sous ses lunettes, d’une lueur.

De saint Pierre ? se demanda Durtal. Qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce une rosserie ? Cela veut-il dire qu’avant d’être un saint, Dom Felletin fut un traître ?

Mais l’œil étant éteint et lorsque Durtal le scruta, il n’y vit que du bleu mort. Le zélateur était d’ailleurs aussitôt passé à un autre sujet d’entretien.

Il discutait maintenant avec le cellerier sur certains ornements d’église que le nouveau curé réclamait, comme appartenant non à l’abbaye mais à la cure, et c’était une interminable énumération d’étoles, de chasubles, de chapes. Ce défilé n’intéressait guère Durtal ; aussi ne fut-il pas fâché, quand le train fit halte au Val des Saints, de prendre congé des deux religieux et de rentrer chez lui.