Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/352

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avec les moines ; les projets du père Felletin, qui étaient également les miens, sont par terre ; il s’agit par conséquent ou de renoncer à ce mode de monachisme séculier ou de le transformer de telle manière que, tout en lui conservant son caractère du Moyen-Age, il puisse s’adapter aux exigences de notre temps.

Est-ce réalisable ? Je le crois, si l’on admet que l’oblature peut s’organiser d’elle-même et vivre d’une vie qui lui serait propre, sous la direction d’un ou de plusieurs pères, laissés pour cette œuvre en France, par un Abbé.

Évidemment, cette institution ne sera pas commode à établir ; il faudrait pour qu’elle fonctionnât régulièrement bien des choses… d’abord, des artistes pieux et ayant du talent. Où sont-ils ? Je l’ignore ; mais c’est au seigneur qu’il appartient, au cas où il n’y en aurait point, d’en faire surgir et, s’il y en avait, d’inconnus, d’épars, çà et là, en des coins de villes, de les grouper ; il faudrait ensuite une façon de petit monastère ; les oblats n’étant plus, en effet, à même de s’installer près d’un reclusage et de participer aux offices, devraient en constituer un et pratiquer, dans une certaine mesure, l’exercice des heures canoniales ; mais cela n’aurait de chance de réussir qu’en adoptant quelques précautions que justifie, pour qui le connaît, le train-train du cloître.

Ainsi, pour éviter les inconvénients de l’existence en commun et les inutiles bavardages qui sont de constants motifs de bisbilles et de troubles, il serait nécessaire que chacun habitât séparément une maisonnette, pareille à celle des Chartreux, les seuls captifs qui n’eurent jamais besoin, depuis leur fondation, de réformes, tant leur régime de solitude est habile et savamment dosé.