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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/382

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glorifier avec l’encens musical des neumes, Dieu !

Mais la question des discordances liturgiques ne gît point là. Depuis le temps que nous bavardons, nous n’avons fait que tourner autour, sans y entrer ; vos critiques, plus ou moins justifiées, ne sont rien en comparaison de celles qui préoccupent réellement ceux dont le métier est de réciter l’office ; celles-là sont autrement graves et elles ont été dernièrement résumées dans une brochure par Mgr Isoard, évêque d’Annecy.

La situation est telle :

D’une part, la crue des saints hausse et comme ils sont presque tous classés, à mesure qu’on les introduit dans la chapelle du calendrier, sous le degré du double, ils refoulent les saints antérieurs dont quelques-uns furent pourtant d’une autre taille qu’eux et qui n’ont été inscrits, dans les époques reculées, que sous le rite demi-double ou simple ; exemples : saint Georges, sainte Marguerite, saint édouard, sainte élisabeth de Portugal, saint Casimir, saint Henri, saint Alexis, saint Cosme et Damien, saint Marcel Pape, et combien d’autres !

Ceux-là n’ont, la plupart du temps, plus de messes et de vêpres et ils doivent se contenter d’une petite commémoraison à l’office d’un rival plus heureux.

En un mot, les nouveaux venus chassent les anciens. Saint Christophe, sainte Barbe, pour qui nos pères eurent tant de vénération, sont maintenant dépossédés de leurs antiques douaires et ils n’ont plus pour refuge que les églises dont ils sont les patrons. On les exile dans le propre des diocèses, avec défense, tant qu’il ne se produira pas une vacance dans les colonnes de l’ordo, d’en sortir.