Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/398

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— Mais, sapristi, un moine, c’est fait pour être humilié ! s’il n’accepte pas humblement, joyeusement, les camouflets, voulez-vous dire en quoi il est supérieur aux autres hommes ; ah ! Je vais vous vider le fond de mon sac, car j’étouffe, à la fin ; eh bien, il y a un affaissement de l’esprit religieux ; les monastères sont en pleine décadence ; vous me racontiez, un jour, que si des catastrophes telles que l’incendie du bazar de la charité, avaient pu se produire, cela venait de ce qu’il n’existait pas assez de cloîtres de réparation, de refuges de pénitence ; l’équilibre était rompu ; les paratonnerres étaient insuffisants.

— Oui.

— Eh bien, êtes-vous sûr que ceux qui subsistent ne soient pas, voyons, comment dire…

— Rouillés, désaimantés, si vous aimez mieux.

— C’est cela ; eh bien, êtes-vous sûr que si le seigneur a sévi, c’est parce que la quantité manquait ; ne croyez-vous pas que ce fut surtout parce que la qualité faisait défaut ? Moi, j’ai grand’peur que les réservoirs d’expiation, bouleversés par le souffle démoniaque, ne se relâchent.

— Je l’ignore.

— Si ce que je présume est exact, il faut s’attendre à ce que le bon Dieu tombe sur nous et nous oblige à lui donner un coup de main, pour remettre les choses en place, et vous savez comment il procède, dans ces cas-là, il vous accable d’infirmités et d’épreuves. Les catholiques qui regardent tranquillement partir en exil leurs quelques défenseurs, vont subir toutes les maladies, toutes les tribulations, tous les maux ; bon gré, mal gré,