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une confusion d’objets ; chacun, livré à ses tristesses, se taisait.

Il gagna l’escalier à vis du quinzième siècle et monta dans le tapage des marteaux, jusqu’au second étage ; la porte de la bibliothèque était ouverte ; l’on plongeait du palier dans une enfilade de pièces, très élevées de plafond, pleines, du haut en bas, de volumes. Le long des rayons en bois blanc, des échelles à roulettes couraient, chargées de novices parmi lesquels Durtal reconnut le frère Gèdre et le frère Blanche.

Dans un angle, le P. de Fonneuve, le visage décomposé, était assis. D’un geste, il désigna à Durtal toutes les rangées du bas, remplies de vieux in-folios et les larmes lui vinrent aux yeux.

Ces casiers qu’il montrait contenaient les grandes collections de l’abbaye ; c’étaient les enfants chéris du prieur, ces bouquins poudreux, reliés en parchemin, en veau fauve aux ors effaçés et aux titres éteints.

Il promenait Durtal devant, le forçait à se baisser pour les voir de plus près, tirait un tome des rayons.

Celui-là est rare, soupirait-il, indiquant les antiques volumes des « Annales minorum » de Wadding ; et Durtal passait, en une brève revue, le « monasticon anglicanum », l’histoire littéraire de la France des Bénédictins de saint Maur, « le recueil des historiens des Gaules », « la Gallia christiana », les « Acta sanctorum », en l’ancienne édition, le « de antiquis ecclesiae ritibus » de Martène, les « Annales de Mabillon », le Bulteau, les collections des le nain de Tillemont, de Dom Ceillier, de Muratori, la collection des conciles de Mansi.

— Tenez, mon cher enfant, regardez si nos quarante-