Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/44

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ce que… comment appeliez-vous le gigot qui vous déplaisait à Chartres ?

— De la carne ou de la bidoche, Madame Bavoil ; ce sont les inélégants synonymes d’une irréductible viande. Mme Bavoil sourit, puis se frappa le front.

— Voyons, fit-elle, si Mlle de Garambois est si gourmande, elle n’use pas de cette carne dont vous parlez. Alors, comment s’arrange-t-elle ?

— Oh ! elle et sa bonne sont constamment à Dijon d’où elles rapportent des provisions.

— Eh bien ! l’on agira, au besoin, comme elles ; combien de temps faut-il par le chemin de fer pour s’y rendre ?

— Une grande demi-heure ; seulement les heures des trains sont incommodes. L’horaire est celui-ci : 6 heures et demie, 10 heures du matin, et 2 heures de l’après-midi. Pour revenir, 6 heures et 11 heures du matin, 3 et 6 heures du soir et c’est tout.

— Bien, et vous, vous allez souvent à Dijon ?

— Quelquefois. Dijon est une ville charmante, très cordiale et très gaie ; elle a un musée de primitifs, un puits de Moïse fort enviable, des bouts de rues encore curieux, des églises, telles que je les aime ; et puis elle possède aussi une très excellente Vierge noire.

— Ah ! s’exclama Mme Bavoil qui tomba en arrêt, elle a une Vierge noire ! moi, qui hésitais un peu, je vous l’avoue, à quitter Chartres à cause de Notre-Dame de sous-terre et du pilier, je vais donc les retrouver ici ; mais ce n’est pas une Madone moderne, au moins ?

— Rassurez-vous ; Notre-Dame de l’Apport ou de bon espoir date du douzième siècle, si je ne me trompe. En