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LA BIÈVRE

macérations des cuirs. Des apprentis, les bas de culottes attachés sur les tibias avec une corde, les pieds chaussés de sabots, grouillent, pêle-mêle avec des chiens ; des femmes, formidablement enceintes, traînent de juteuses espadrilles chez des marchands de vin ; la vie se confine dans ce coin de la Bièvre dont les eaux grelottent le long de ses quais empâtés de fange.

L’aspect féerique de ce lieu diminue le jour, ou du moins la vue de ses tristes habitants, qui forment comme la populace oubliée d’un roi de Thunes, détourne des songes hyperboréens, greffés sur les rêves d’une Italie languissante ou d’un Orient torride ; la réalité refoule les postulations vers les contrées des au-delà, car, en arrivant à la rue des