Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/198

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dans la bouche, et jettent au galop la monnaie sur les tables mal calées qui boitent ; des enfants, charriés dans de petites voitures amarrées sous des bosquets, se réveillent et piaillent ; des serpents en caoutchouc, dont la queue trempe dans des bouteilles, sont amorcés par d’indulgentes mères, que l’affreuse grimace de leurs enfants enchante ; une fois le biberon chargé d’eau blanche, le piaulement se tait et la maman achève, en compagnie du papa, de vider son litre. Ces joies simples ancrent le célibataire dans sa volonté désormais affermie de ne pas procréer de mioches, de ne pas rouler de petites voitures, de ne pas assister aux mutations des serviettes et aux épinglements des langes ; des bribes de musique flottent dans le jardin, le silence se rétablit pendant quelques secondes ;