Page:Huysmans - Le Drageoir aux épices, 1921.djvu/209

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bras. Je jugeai le moment opportun pour aller humer un air moins chargé de tabac et de bruit.

Je sortis et, traversant le viaduc d’Auteuil, je m’engageai sur la rive droite de la Seine ; la journée était blonde, pâlement ensoleillée, et des points d’or pétillaient dans l’eau verte, dès qu’un nuage écardé laissait filtrer des lueurs. Le vacarme du Point-du-Jour s’affaiblissait ; — je longeais les fortifications, sur la route encore peuplée de guinguettes et de cafés, mais ces établissements devenaient plus campagnards et plus simples, — puis il y avait comme une toute petite rade où naviguait une flottille de canots et un minuscule chantier où ronflait l’équipe en chauffe des express. Je fus soudain confondu : un troupeau de vaches était là, des vaches blanches, marbrées de café au lait et de