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LES FOULES DE LOURDES

J’ajoute, du reste, que deux fois déjà nous avons pu constater son rôle de médiateur auprès de l’Immaculée Conception de Lourdes ; une fois, à propos de l’un de ses compatriotes, Vion-Dury, un aveugle incurable qui, après lui avoir fait une neuvaine, se bassina les yeux avec de l’eau de la source et recouvra immédiatement la vue ; une autre fois, à propos d’une femme du pèlerinage de Belley qui l’implora dans la chapelle de l’hôpital de Notre-Dame et fut guérie, le même jour, après avoir communié à la grotte.

En ce qui concerne la maladie même de Mlle Monnier, j’appelle l’attention de mes confrères sur les conditions dans lesquelles cette cure s’est opérée. Cette jeune fille, malade depuis dix-neuf ans, pouvait-elle guérir par les seuls efforts de la nature ? oui, évidemment ; au point de vue théorique, il est permis de le soutenir, mais pas cependant dans l’espace d’une minute, pendant le temps d’une communion ; car de même que la nature ne peut cicatriser une plaie en une seconde, de même elle ne peut refaire soudainement une économie minée par dix-neuf années d’inanition. Cette instantanéité dans les résultats doit surtout vous arrêter, car il n’est pas, vous le savez, en notre pouvoir de supprimer la convalescence et de passer sans transition de la maladie grave à la santé.

Je pense, à part moi, que cette guérison — si tant