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LES FOULES DE LOURDES

vassé d’or et qui reproduisent de vagues fresques que signèrent de pauvres inconscients, ne peuvent susciter que l’idée d’une impéritie sans égale et d’un néant ; ce n’est même pas cocasse, ce n’est même pas fou, c’est puéril et c’est ganache ; ça vacarme et ça radote. Devant cette Nativité, cette Annonciation, ce Jardin des Olives, cette Flagellation ; les bras vous tombent ; le dernier élève de l’École des Beaux-Arts ferait mieux. Il ne s’agit pas, en effet, de talent, mais d’abécédaire et de rudiments et ici, c’est l’ignorance du métier, aggravée par le sentimentalisme bébête de l’ouvrier de cercle catholique qui a bu un coup !

Aussi, va-t-on se réfugier devant le seul panneau qui ait été confié, par distraction, sans doute, à un peintre, médiocre, je le veux bien, mais enfin à un peintre. Celui-là sait au moins et dessiner et peindre ; l’on peut discuter l’art d’affiche et de chromo de M. Maxence, juger que son « Ascension » réduite, deviendrait une parfaite étiquette pour les boîtes à dragées d’un confiseur, mais enfin son art paraît réel si on le rapproche des vétustés enfantines des trois autres.

Et la même réflexion vous vient devant une Vierge de Maniglier, sculptée dans le tympan, au-dessus de la porte, tenant un enfant qui remet à saint Dominique, agenouillé, un rosaire dont les grains étaient jadis simulés par de petites ampoules