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LES FOULES DE LOURDES

tel que l’homme peut le reproduire dans son œuvre, a une nécessaire relation avec Dieu. »

Or, s’il en est ainsi, le contraire est également exact, et le Laid est, lui aussi, en une nécessaire relation avec le démon ; il en est le reflet, comme le Beau est le reflet de Dieu.

Il est donc évident que l’on attribue à Satan ce qui est dû au Christ, lorsque l’on portraiture Jésus et la Vierge en d’immondes images ; l’on fait, dans tous les cas, son jeu ; l’on pratique, en quelque sorte, un acte de magie noire, en rendant hommage au Maudit lorsque, renversant les rôles, transformant en effigies infernales les effigies divines, l’on dispose, pour sa joie, les ridicules personnages usités dans nos chemins de croix.

La laideur, l’atechnie, l’inart, dès qu’ils s’appliquent à Jésus, deviennent fatalement, pour l’homme qui les commet, un sacrilège.

La plupart des catholiques, heureusement pour eux, ne savent ce qu’ils font, car l’Esprit du mal use de prémotion et ne révèle pas à ceux qu’il incite ses desseins. Il se borne à utiliser la vilenie de la nature humaine et son peu de foi ; il agit, par l’intermédiaire des curés des campagnes et des villes qu’il aveugle et dont il accroît la vulgarité native du goût ; il s’installe à demeure, pour les servir, dans les officines du quartier Saint-Sulpice et là, il inspire ces tenanciers de la prostitution divine et