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LES FOULES DE LOURDES

croisées augmente, le Dr Boissarie s’écrie : « Ils vont me l’écharper quand elle sortira ! » et il donne l’ordre à des brancardiers d’aller chercher une voiture et de l’accompagner. — « Non, passez plutôt par la porte de derrière », reprend-il, — mais celle-ci est également obstruée par une foule qui veut voir la sœur. On est obligé de s’arcbouter contre la porte quand les brancardiers ont quitté la salle, pour la fermer.

— Vous savez, me dit le docteur, que le petit du pèlerinage de Belley est sur pied ?

— Le petit à la gouttière de bois ?

— Oui.

Ça, par exemple, je veux aller vérifier, par moi-même, l’état de cet enfant. Je me lance, tête baissée, dans la cohue ; mais je suis arrêté à chaque pas par des femmes qui m’interrogent sur la maladie de la religieuse miraculée ; un prêtre que je ne connais point est prêt à se fâcher quand je lui affirme que l’on ne peut formellement attester la guérison, puisque le genou reste enflé ; je crois bien qu’il me considère tel qu’un mécréant. Enfin, je parviens à m’échapper de la bousculade et, chemin faisant, je pense qu’à défaut d’une guérison complète qui n’est plus sans doute qu’une affaire de jours, la petite nonne a été si divinement changée qu’elle n’est plus reconnaissable. Elle qui était si incapable de remuer, si livide, si faible, si quasi-morte, je l’ai