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LES FOULES DE LOURDES

bles gouffres ; là-haut, à la Salette, on est seul, dans les nuages, avec la Vierge ; il n’y a pas de distractions, pas de cafés et de journaux, pas de panoramas, pas d’excursions en automobiles, pas enfin de funiculaire pour se faire hisser doucement au sommet des monts !

On y vit replié sur soi-même, tandis que l’on vit déplié à Lourdes ; c’est un véritable pèlerinage d’expiation ; je le crois bien désert, bien abandonné maintenant ; il répondait si peu aux entrains des foules !

Mais cette Notre-Dame des Sept-Douleurs qui a jadis guéri à La Salette tant de malades et distribué tant de grâces, n’en restera pas moins toujours plus attirante pour certaines âmes que la jeune Vierge, blanche et bleue, sans Enfant, sans croix, de Lourdes. C’est la très ancienne Vierge du Calvaire qui est apparue dans les Alpes, c’est la Mère dont le cœur fut un fourreau de glaives…

Et la voilà qui revient encore dans cette chapelle de Lourdes, ramenée par sainte Térèse, évoquée par la tristesse même de ces chants qui contrastent si singulièrement avec les allègres fredons que l’on entend dehors !

Elle vous lamine ; on ne pensait qu’à Elle et c’était très bon — et l’on pense à soi, et c’est horrible !

On était saisi par le décor extérieur, par la pitié