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LES FOULES DE LOURDES

fessionnal, elles s’y plaisent et ne se retirent que lentement et à regret, pour céder la place à d’autres, lesquelles viennent odorer l’arome de leurs péchés qui flotte encore dans la case et y ajoutent le parfum plus ou moins accentué des leurs.

Mais aucune n’éprouve de gêne à être regardée. Le désir de l’homme est que ça soit fini et de filer ; celui de la femme est que ça dure et de rester.

Je plains le pauvre prêtre qui se balance, avec des mouvements de pendule, tantôt d’un côté et tantôt de l’autre, dans cette guérite munie de guichets et percée, de même qu’un tamis, de trous. Ce qu’il doit avoir chaud ! moi qui ne suis pas interné, comme lui, je suffoque dans cet air saturé de déjections spirituelles et d’effluves de passants en sueur. Je donnerais bien des choses pour être parti ; c’est enfin mon tour ; je vide ma hotte dans les ouïes d’un excellent homme qui m’absout en un tour de bras, et je m’élance de la sacristie ; mais il s’agit maintenant de déguerpir de la crypte ; les deux courants de foule coulent toujours, en sens inverse, dans l’étroite allée et il me faut jouer sérieusement des coudes, pour arriver enfin dehors.

Ça y est ! c’est étonnant ce qu’une confession allège, ce qu’on se sent frais et dispos après ; la sensation est presque physique. Il y a vraiment une vertu perceptible, presque tangible, dans le sacrement de la Pénitence !