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LES FOULES DE LOURDES

grâces temporelles, de l’axiome « hors de l’Église, point de salut ». Elle avait toujours agi, de la sorte, d’ailleurs, car en 1203, dans son sanctuaire de Notre-Dame de Saidnaya, Elle avait miraculeusement guéri des mahométans et sauvé d’une maladie mortelle le Sultan de Damas, le frère de Saladin, qui, par reconnaissance, voulut entretenir une lampe à perpétuité, devant son icône, dans l’église. Du reste, tous les hommes, chrétiens ou non, ne sont-ils pas ses enfants et le Christ ne s’est-il pas incarné pour les rédimer tous ?

Enfin, comme les catholiques sont peu nombreux dans la Turquie, la chapelle des Géorgiens eût été une bien misérable succursale du grand pèlerinage de Lourdes, tout au plus une pauvre échoppe de prières, si la masse des musulmans et des schismatiques n’y était, — elle aussi, venue — Et ce dut être, à coup sûr, un curieux spectacle que celui de ces cortèges dans lesquels se confondaient toutes les croyances priant Celle qu’ils nomment « Meriem-Ana ou Bikir Meriem » et demandant et obtenant par des voies, plus liturgiques même qu’à Lourdes, des guérisons.

On procédait, en effet, ainsi :

Après les exorations dans la chapelle, devant l’autel de la Vierge, les pèlerins, hommes et femmes, se rendaient dans la sacristie. Là, on les aspergeait d’eau bénite et on leur lisait l’Evangile du