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LES FOULES DE LOURDES

audaces de la médaille miraculeuse et il s’occupait activement à la répandre, lorsqu’il fut nommé curé de Notre-Dame des Victoires.

Cette circonscription était l’une des plus mauvaises de la ville ; l’église était vide du matin au soir ; après avoir vainement tenté d’y réunir quelques fidèles, ce prêtre se découragea et, le scrupule aidant, il résolut de se retirer, pensant qu’un autre réussirait peut-être mieux que lui à pêcher des repentirs dans le vivier de ces consciences mortes. Il était encore, plus que de coutume, obsédé par cette idée quand, le 3 décembre 1836, le matin de la fête de saint François Xavier, le patron de son ancienne paroisse, il monta à l’autel pour célébrer la messe. La hantise de tout quitter le torturait si cruellement qu’il lui était impossible de se recueillir. Il parvint cependant à se reprendre au moment du « Sanctus » et supplia le Seigneur de le délivrer de ce tourment. À peine eut-il achevé cette prière, qu’une voix intérieure prononça en lui distinctement ces paroles : « Consacre ta paroisse au très saint cœur immaculé de Marie » et soudain le calme lui fut rendu. Sa messe terminée, il se demande s’il n’a pas été la dupe d’une illusion, mais les mêmes mots se font entendre plus clairement encore ; il rentre chez lui, écrit d’un trait, comme sous une dictée, le règlement d’une confrérie qui doit vénérer plus spécialement l’Immaculée Conception et,