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LES FOULES DE LOURDES

Vous êtes donc, sous un nouvel aspect, la plus ancienne des Vierges ; Vous êtes, en tout cas, la Vierge sage qui se décèle, à Lourdes, plus que partout ailleurs, la remplaçante de la Vierge folle, de la pauvre Ève.

De même que celle-ci fut façonnée d’un corps issu d’une terre vivante, encore impolluée, Vous, vous êtes aussi formée d’une chair que n’entacha pas le péché d’origine.

L’Immaculée Conception nous ramène, à travers la Bible, jusqu’au chaos de la Genèse et, de là en revenant sur nos pas jusqu’à l’Éden, et, forcément, je pense à Ève, devenue sainte maintenant, et, qui, désolée par les douleurs de ses descendants, par ces maladies affreuses qu’ils n’auraient pas connues, sans sa faute, se tient, là, près de Vous, et vous supplie de payer à ces malheureux sa dette, de les guérir…

Et Vous, qui ne fîtes point, ici-bas, de miracles, de votre vivant, Vous en faites maintenant, et pour elle et pour nous, Lumière de bonté qui ne connaît pas les soirs, Havre des pleure-misère, Marie des compatissances, Mère des pitiés !