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LES FOULES DE LOURDES

toujours sensibles, le pèlerinage déclinait de plus en plus et n’était guère composé que d’excursionnisles et de gens du voisinage, quand l’apparition de Lourdes lui asséna le dernier coup.

La Vierge s’en fut des Alpes dans les Pyrénées, et là, non au sommet d’un pic, mais tout au bas d’un mont, dans une grotte, comme si Elle avait voulu se rapprocher davantage et se mettre plus à la portée de la terre, Elle apparut, souriante, telle qu’une Vierge glorieuse et Elle distribua, à pleines mains, ces grâces qu’elle répartissait moins généreusement dans ses dispensaires de la Seine et du Dauphiné.

Que s’est-il passé dans l’intervalle de ces douze années qui séparent les manifestations des Alpes de celles des Pyrénées ? la Vierge dit bien encore à Lourdes qu’il sied de faire pénitence et de prier, mais elle ne pleure plus, elle n’adresse plus de reproches et de menaces.

Il semble que la colère du Fils soit apaisée — et pourtant l’humanité n’a vécu, durant ce laps de temps, que de mal en pis, autant que l’on en peut juger ; alors, pourquoi ce changement d’attitude, pourquoi cette soudaine clémence ?

Rien ne pourrait l’expliquer, si l’on ne savait qu’en dehors même des quelques rares Ordres non dégénérés de la pénitence, il existe parmi les laïques, surtout parmi les femmes, de nombreuses