Page:Huysmans - Prières et pensées chrétiennes (1910).djvu/43

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Mon âme est un mauvais lieu, elle est sordide et mal famée ; elle n’a aimé jusqu’ici que les perversions ; elle a exigé de mon malheureux corps la dîme des délices illicites et des joies indues ; elle ne vaut pas cher, elle ne vaut rien ; et cependant, près de vous, là-bas, si vous me secouriez je sens bien que je la materais ; mais mon corps, s’il est malade, je ne puis le forcer à m’obéir ! c’est pis que tout, cela ! je suis désarmé si vous ne venez à mon aide.

Tenez compte de ceci, Seigneur, je sais par expérience que dès que je suis mal nourri, je névralgise : humainement, logiquement, je suis assuré d’être horriblement souffrant à Notre-Dame de l’Atre et néanmoins, si je suis à peu près sur pieds, après-demain, j’irai quand même.

À défaut d’amour, c’est la seule preuve que je puisse vous fournir que vraiment je vous désire, que vraiment j’espère et que je crois en vous ; mais alors, Seigneur, assistez-moi ! (En route.)