Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/145

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Le refus de la sainte l’exaspéra.

— En fin de compte, s’exclama-t-il, que prétendez-vous faire de cette hostie ?

Cette question embarrassa Lydwine. Si je la lui remets, pensa-t-elle, il est capable d’en mésuser ; si je la garde, Jésus la quittera sans doute ; elle réfléchissait, quand une inspiration subite la décida.

— Je vous prie de me communier avec, dit-elle.

— Comment, vous demandez à être communiée avec le Diable !

— Non, fit-elle doucement ; ce n’est pas Satan, mais bien mon Seigneur Jésus qui est caché sous l’aspect de ce pain que je vous supplie de me donner.

— Si vous tenez absolument à recevoir le Sacrement, j’irai chercher une hostie dans le tabernacle de l’église, car j’ignore d’où vient celle-ci et, une fois de plus, je vous conseille de ne pas vous y fier.

À la fin, comprenant qu’elle ne céderait pas, il la lui inséra dans la bouche, en murmurant : acceptez donc cette fraude du Démon et pas autre chose ; cependant qu’elle opère en vous selon votre foi.

Lydwine l’avala sans peine et, comme les autres oublies consacrées, elle s’infondit en son âme et l’enflamma.

Dom André la laissa, perdue dans l’extase, et retourna, irrité et inquiet, chez lui.

Le lendemain, qui était la veille de la fête de saint Thomas, il délibéra avec lui-même sur cette aventure et, craignant qu’elle ne s’ébruitât dans la ville, il ré-