Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

justice de leur destinée, voulaient connaître pourquoi la main de Dieu s’appesantissait sur eux et non sur les autres, exigeaient que Lydwine leur expliquât l’effrayant mystère de la Douleur et les soulageât.

Ceux-là la torturaient, car ils étaient des désespérés qui se pendaient après elle et ne consentaient pas à lâcher prise. D’aucuns entendaient qu’elle les guérît et quand elle répondait que cela ne dépendait pas d’elle, mais du Seigneur, ils s’entêtaient à ne pas la croire et lui reprochaient de manquer de pitié.

Et ce qu’elle en acceptait pourtant des maladies pour les subir à la place de personnes qui ne lui en savaient souvent aucun gré !

Vous vous tuez pour des gens qui ne le méritent guère, lui répétaient ses amis ; mais elle répliquait :

— Comptez-vous donc pour peu de chose de conserver autant que possible au Sauveur des âmes que le Démon guette ; et d’ailleurs, quel homme a droit d’être rebuté, alors qu’il n’en est pas un seul pour lequel le Fils de la Vierge n’ait versé son sang !

Et elle recevait indistinctement tous les malheureux, se bornant à soupirer, quand ils la quittaient, mécontents : les hommes charnels ne peuvent comprendre combien la vertu se perfectionne dans l’infirmité, combien même, la plupart du temps, elle ne naîtrai : pas sans elle.

Gerlac et Thomas A Kempis ne nous renseignent que peu ou plutôt pas du tout sur ces entretiens. Brugman, lui, saisit cette occasion, comme toutes celles qu’il rencontre, du reste, pour placer un prêche