Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/256

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les jours de Réfection ; et tant qu’elle demeura là, elle sembla à tous ceux qui l’approchèrent plus belle qu’elle n’était en réalité ; elle eut une expression de gaieté et de douceur qu’elle perdit lorsqu’elle fut séparée de Lydwine.

Elle, débordait de joie : mais l’on peut s’imaginer aussi la foule qui fit irruption dans sa chaumine, pour prier la Madone ! Comment Lydwine pouvait-elle endurer ce va et vient et ce piétinement incessant de monde même en étant enfermée, derrière les rideaux de son lit, car cette porte, constamment ouverte, introduisait, des rais de jour qui lui eussent crevé l’œil comme des flèches, si elle n’avait été abritée par des courtines ? — La vérité est que ces oraisons qu’elle entendait bruire, autour d’elle, la dédommageaient de cette gêne de n’être plus chez elle et la réjouissaient certainement, parce qu’elle pensait que la Mère les agréait et ce fut pour elle un gros crève-cœur lorsqu’on reporta la statue dans son sanctuaire recrépi à neuf.

La Vierge partit, mais elle chargea l’ange gardien de Lydwine de la lui conduire plus souvent, dans le Paradis.

Elle la traitait alors, en enfant qu’on gâte, la questionnait et s’amusait de l’ingénuité de ses réponses.

Une nuit, elle lui dit, d’un ton sérieux :

— Comment se fait-il, ma chère petite, que vous soyez arrivée, ici, dans une tenue si négligée ? vous n’avez même pas sur le front un voile !