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Les Grünewald du Musée de Colmar

répète, a évidemment laissé un véridique portrait de ce genre de gangréneux, il reste encore à signaler, dans la galerie de Colmar, la prédelle d’une mise au tombeau, avec un Christ livide et tiqueté de tirets de sang, un saint Jean au profil dur, aux cheveux d’un jaune d’ocre délavé, une Vierge voilée jusqu’aux yeux et une Madeleine défigurée par les larmes, mais cette prédelle n’est qu’une réplique affaiblie de ses grandes Crucifixions. Elle stupéfierait, seule dans une collection de toiles d’autres peintres, mais ici elle n’étonne même plus.

Il sied de noter encore deux volets oblongs encadrant l’un, un saint Sébastien, petit et bancroche, lardé de flèches ; l’autre — celui cité par Sandrart, — un saint Antoine tenant à la main le Tau, la crosse de son Ordre, un saint Antoine majestueux et absorbé, ne se préoccupant même pas d’un démon qui, derrière lui,