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TROIS ÉGLISES ET TROIS PRIMITIFS

besoin de faire souffrir, le désir de la vengeance préparée de longue main et lentement dégustée. De son côté, l’amour paraissait fade s’il restait naturel et ne franchissait pas le degré permis des parentés ; et encore fallait-il, pour en relever le goût, le faire macérer dans une saumure de poisons, dans une sauce de sang. En se raffinant, la scélératesse de l’Italie s’était accrue. Quant à Dieu, il continua d’exister pour donner une raison d’être au Pape. Il ne compta plus que dans les cérémonies de l’Église, qui servaient à maintenir le prestige endommagé des Pontifes. Maintes fois, certainement, à Rome, dans les consistoires des cardinaux, Jésus put se croire encore à Jérusalem, dans le sanhédrin des princes des prêtres et des scribes ; et le fait est que, ne pouvant le crucifier à nouveau, ils se vengèrent sur la chair très pure du Sacrement, en célébrant, au sortir de leurs