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TROIS ÉGLISES ET TROIS PRIMITIFS

gravât en elle la certitude du malheur, qui ne ravivât la plaie.

La profession même de charpentier qu’exerçait Joseph semblait choisie pour lui susciter le permanent rappel de ses maux ; lorsque, par esprit d’imitation et pour s’amuser, l’Enfant s’apprenait à planter des clous dans des planches, ne se disait-elle pas que ce jeu se retournerait, un jour, contre lui et que ces clous s’enfonceraient dans ses pieds et perceraient ses mains ; la vision des bras tendus sur la croix ne s’imposait-elle pas aussi quand, Jésus, courant au-devant d’elle, les ouvrait tout grands pour l’embrasser, car le mouvement était le même. Pouvait-elle alors considérer comme inoffensive cette matière du bois qui obéissait à Joseph et les aidait à vivre ? ne savait-elle pas, en effet, qu’après avoir contribué dans l’Eden à parfaire l’égarement de la pauvre Ève, ce bois allait