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TROIS ÉGLISES ET TROIS PRIMITIFS

fin, elle dut renouveler son sacrifice et, patiente et résignée, regarder croître, pour ses bourreaux, l’enfant.

Cette Madone, si tendrement dolente, on peut lui prêter toutes les angoisses, toutes les transes…

Et quelle énigme encore que son exil, ici, à Francfort, dans le musée désert de cette cité qui l’abomine ! depuis qu’arrachée à son abbaye de Flémalle, elle fut vendue et transportée sur les bords du Mein, elle continue son stage douloureux entre les mains des Juifs. Elle subit le voisinage de l’inquiétante florentine et elles magnifient, à elles deux, l’institut Staedel devenu, grâce à leur présence, unique, en ce sens que nulle collection ne recèle ainsi les deux antipodes de l’âme, les deux contre-parties de la mystique, les deux extrêmes de la peinture, le ciel et l’enfer de l’art.

Et voici qu’à les contempler tour à tour, je