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SAINT-GERMAIN-L’AUXERROIS

gothique, omit de la dénaturer ; mais, moins dédaigneux, le XVIIIe siècle, qui la jugeait de forme désuète, résolut de la rajeunir.

En 1754, le curé et les marguilliers commencèrent par faire démolir le jubé, mais cette destruction ne modifiait pas la mine restée, pour eux, barbare, de la nef, et ils recoururent à un nommé Bacarit, architecte des écuries du Roi, en le priant de la civiliser. Il apprêta un plan, et le soumit à l’Académie des Beaux-Arts qui, dans un élan d’enthousiasme, s’écria que cet habile homme « savait marier, de la manière la plus heureuse, le genre moderne avec le gothique de l’église qu’il avait à décorer ».

Et l’effrayante ganache se mit à l’œuvre. Ne pouvant, à son grand regret, faute d’argent, tout saccager, il dut se borner à canneler les colonnes du chœur, à remplacer la flore symbolique des chapiteaux par d’insignifiantes guirlandes de