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D’IBN BATOUTAH.

[texte arabe]

suis sous leur autorité ; si je ne demeure pas de bonne grâce, je demeurerai par contrainte. Un séjour volontaire est donc préférable. » Je répondis à l’envoyé : « Très-bien, je resterai près de lui. » Le messager retourna trouver son maître, qui fut joyeux de ma réponse et me manda. Lorsque j’entrai chez lui, il se leva, m’embrassa et me dit : « Nous voulons ta proximité et tu veux t’éloigner de nous ! » Je lui fis mes excuses, qu’il accueillit, et lui dis : « Si vous désirez que je reste, je vous imposerai des conditions. » Le vizir répondit : « Nous les acceptons ; fixe-les donc. » Je repris : « Je ne puis me promener à pied. » Or, c’est la coutume des insulaires que personne ne monte à cheval en ce pays, si ce n’est le vizir. Aussi, lorsqu’on m’eut donné un cheval et que je le montai, la population, les hommes comme les enfants, se mit à me suivre avec étonnement, jusqu’à, ce que je m’en plaignisse au vizir. On frappa sur une donkorah, et l’on proclama parmi le peuple que personne ne me suivît. La donkorah est une espèce de bassin de cuivre, que