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D’IBN BATOUTAH.

[texte arabe]

des troupes. Il me fit donc dire de rester jusqu’à ce qu’il eût équipé pour moi un navire ; mais je refusai.

La sœur consanguine de la sultane se plaignit à celle-ci du départ de sa mère avec moi. La sultane voulut l’empêcher, sans pouvoir y parvenir. Lorsqu’elle la vit résolue à partir, elle lui dit : « Tous les bijoux que tu possèdes proviennent de l’argent de l’entrepôt de la douane. Si tu as des témoins pour attester que Djelâl eddîn te les a donnés, à merveille ; sinon, restitue-les, » Ces bijoux avaient beaucoup de valeur ; néanmoins ma femme les rendit à ces personnes-là. Les vizirs et les chefs vinrent me trouver pendant que j’étais dans la mosquée et me prièrent de revenir. Je leur répondis : « Si je n’avais pas juré, certes, je m’en retournerais. » Ils reprirent : « Va-t’en dans quelque autre île, afin que ton serment soit vrai, après quoi tu reviendras. — Oui, » répliquai-je, afin de les satisfaire. Lorsque arriva le jour où je devais partir, j’allai faire mes adieux au vizir. Il m’embrassa et pleura, de sorte que ses larmes tombèrent sur mes pieds. Il passa la nuit suivante à veiller