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VOYAGES

[texte arabe]

dans chacune des villes de la Chine il y a toujours un cheïkh de l’islamisme, qui décide en dernier ressort tout ce qui concerne les musulmans, et un kâdhi, qui leur rend la justice. Je descendis chez Aouhad eddîn, ou l’unique dans la religion, de la ville de Sindjâr ; il est au nombre des hommes de mérite les plus considérables et les plus riches. Ma demeure auprès de lui fut de quatorze jours ; les cadeaux du juge et des autres mahométans se succédèrent sans interruption chez moi. Tous les jours ils préparaient un festin nouveau ; ils s’y rendaient dans de jolies barques, longues de dix coudées, et avec des chanteurs. Au delà de cette ville de Sîn-assîn il n’y en a point d’autres, soit aux infidèles, soit aux musulmans. Entre elle et le rempart, ou grande muraille de Gog et Magog, il y a un espace de soixante jours de marche, selon ce qui m’a été rapporté. Ce territoire est occupé par des païens nomades, qui mangent les hommes lorsqu’ils peuvent s’en emparer. C’est pour cela que l’on ne se rend point dans leur pays, et que l’on n’y voyage pas. Je n’ai vu dans cette ville personne qui ait été jusqu’à la grande muraille, ou qui ait connu quelqu’un qui l’ait visitée.