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D’IBN BATOUTAH.

à nous un fakîr, qui nous salua. Nous lui offrîmes des aliments, qu’il refusa en disant que son seul but avait été de nous visiter. Toute cette nuit-là il ne cessa point d’incliner sa tête et de se prosterner. Nous fîmes la prière de l’aurore, puis nous nous occupâmes de réciter les louanges de Dieu ; le fakîr était toujours dans un coin de la zâouiyah. Le supérieur apporta des comestibles et appela ce religieux, mais n’en reçut aucune réponse ; il alla vers lui et le trouva mort. Nous fîmes les prières sur son corps et nous l’ensevelîmes. (Que la miséricorde de Dieu soit sur lui !)

Je me rendis à Almahallah Alcabirah, ou la grande station, à Nahrâriyah, Abiâr, Demenhoûr et Alexandrie. Dans cette dernière ville, la peste avait beaucoup diminué d’intensité, après avoir fait jusqu’à mille et quatre-vingts victimes par jour. J’arrivai ensuite au Caire, et l’on me dit que le nombre des morts, pendant l’épidémie, y avait atteint le chiffre de vingt et un mille dans un seul jour. Tous les cheïckhs que j’y connaissais étaient morts. (Que le Dieu très-haut ait pitié d’eux !)