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VOYAGES

Une des preuves de cette vertu, c’est l’habitude de ce souverain de tenir exprès des séances pour écouter les plaintes de ses sujets. Il consacre le vendredi pour les pauvres ; il divise cette journée entre les hommes et les femmes, en faisant passer d’abord celles-ci, à cause de leur faiblesse. Les pétitions des femmes sont lues après la prière du vendredi (ou de la fête), et jusqu’au moment de celle de l’après-midi. Chaque femme est appelée à son tour par son nom ; elle se tient debout en la noble présence du sultan, qui lui parle sans intermédiaire. Si elle a été traitée injustement, la réparation ne se fait pas attendre ; si elle demande une faveur, celle-ci arrive vite. Lorsqu’on a fait la prière de l’après-midi, on prend connaissance des pétitions des hommes, et le souverain en use à l’égard de ceux-ci comme à l’égard des femmes. Les jurisconsultes et les kâdhis sont présents à l’audience, et le sultan leur renvoie tout ce qui se rattache aux décisions de la loi. C’est là une conduite que je n’ai vu tenir d’une manière si parfaite, avec autant d’équité, par aucun souverain ; car le roi de l’Inde a chargé un de ses émîrs de