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VOYAGES

pocrisie, s’obstina dans la trahison et dans la révolte. Ce rebelle se mêla donc de ce qui ne le regardait pas, et ne sut voir ni le commencement, ni la fin de sa mauvaise position. Les hommes s’imaginèrent que c’était là la première manifestation d’une guerre civile, qui coûterait pour l’éteindre d’immenses trésors, et qui exigerait pour s’en garantir la mise sur pied de cavaliers et de fantassins. Cependant, le bonheur de notre maître (que Dieu l’assiste !) décréta que cette pensée serait vaine, et la sincérité de sa foi jugea que ces désordres auraient une fin inattendue, singulière. En effet, a peine quelques jours s’étaient passés, que les habitants de Gibraltar réfléchirent, qu’ils se mirent d’accord, se soulevèrent contre l’insurgé, se révoltèrent contre le coupable rebelle, et firent tout ce qu’ils devaient à leur obéissance envers le souverain. Ils se saisirent du gouverneur révolté et de son fils, qui l’avait secondé dans l’hypocrisie. On les conduisit tous les deux bien garrottés dans l’illustre capitale, ou on leur appliqua la sentence que Dieu a portée contre les rebelles, fauteurs de guerres civiles (cf. Coran, v, 87). Ainsi le Très-Haut délivra le pays du mal que voulaient faire ces deux criminels.