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VOYAGES

[texte arabe]

tables de sel gemme, placées l’une sur l’autre, comme si on les eût taillées et puis déposées par couches sous terre. Un chameau ne peut porter ordinairement que deux de ces tables ou dalles épaisses de sel.

Taghâza est habité uniquement par les esclaves des Messoûfites, esclaves qui s’occupent de l’extraction du sel ; ils vivent de dattes qu’on apporte de Dar’ah et de Segelmessa, de chairs de chameau et de l’anli, ou sorte de millet importé de la contrée des nègres. Ces derniers arrivent ici de leurs pays et ils en emportent le sel. Une charge de chameau de ce minéral se vend, à Îouâlâten, de huit à dix mithkals, ou dînârs d’or, ou ducats ; à la ville de Mâlli, elle vaut de vingt à trente ducats, et quelquefois même quarante. Les nègres emploient le sel pour monnaie, comme on fait ailleurs de l’or et de l’argent ; ils coupent le sel en morceaux, et trafiquent avec ceux-ci. Malgré le peu d’importance qu’a le bourg de Taghâza, on y fait le commerce d’un très-grand nombre de quintaux, ou talents d’or natif, ou de poudre d’or.

Nous passâmes à Taghâza dix jours dans les souffrances