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D’IBN BATOUTAH.

[texte arabe]

à la ville de Hinaour (Onore), qui est située près d’un grand golfe où pénètrent les gros vaisseaux. La cité est éloignée de la mer d’un demi-mille. Durant le pouchcâl, c’est-à-dire la saison pluvieuse, l’agitation et l’impétuosité de cette mer deviennent fort considérables. Aussi, pendant quatre mois consécutifs, personne ne peut s’y embarquer, si ce n’est pour la pêche.

Le jour de notre arrivée à Hinaour, un djogui hindou vint me trouver secrètement et me remit six pièces d’or, en disant : « Le brahmane (il désignait par ce nom le djogui à qui j’avais donné mon chapelet et qui m’avait donné des dînârs) t’envoie cet argent. » Je reçus de lui les dînârs et lui en offris un, qu’il n’accepta pas. Lorsqu’il fut parti, j’informai de cela mes deux compagnons, et leur dis : « Si vous voulez, vous recevrez votre part de cette somme. » Ils refusèrent, mais ils témoignèrent de l’étonnement de cette aventure et me dirent : « Nous avons ajouté aux six pièces d’or que tu nous as données une pareille somme, et nous avons déposé le tout