Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
HISTOIRE DES BERBÈRES.

d’Ed-Daher-li-Dîn-illah-Ali, fils d’El-Hakem-bi-Amr-illah-Mansour, fils d’El-Azîz-billah-Nizar, fils d’El-Moëzz-li-Dîn-illah-Mâdd, émir de l’Ifrîkïa[1]. Ainsi, de même que ses pères, il tenait son autorité des souverains Fatemides, fait sur lequel nous aurons occasion de revenir. Agé seulement de huit ans, il n’avait aucune connaissance des principes du gouvernement, aucune expérience des affaires, mais il appartenait à une famille très-puissante et très-fière. Ed-Daher mourut en 427 (1036) et eut pour successeur son fils El-Mostancer-billah-Mâdd, celui qui régna plus longtemps qu’aucun des khalifes de l’Islamisme ; ayant gouverné soixante-quinze ans, disent les uns, soixante-cinq, disent les autres. La vérité est qu’il régna soixante-treize ans, puisqu’il mourut vers la fin du cinquième siècle de l’hégire[2].

El-Moëzz, fils de Badîs, eut pour les doctrines sonnites (orthodoxes) un certain penchant qu’il laissa quelquefois paraître[3]. Ainsi, vers le commencement de son règne, il lui arriva, en faisant une promenade, d’invoquer à haute voix le secours des deux cheikhs [les khalifes] Abou-Bekr et Omar, dans un moment où il voyait que son cheval allait s’abattre sous lui. Les gens du peuple ayant entendu ces paroles, commencèrent à massacrer les Rafédites[4], et à proclamer hautement la doctrine orthodoxe : ils en firent publiquement la profession et supprimèrent les paroles venez à l’excellente œuvre (haî ala khair il âmel) que les Fatemides avaient insérées dans l’adan, ou appel à la prière.

  1. Il y a une double erreur dans ce paragraphe : El-Moëzz, fils de Badîs, succéda au trône en l’an 406, et sa nomination fut confirmée, non pas par Ed-Daher, mais par son père, El-Hakem. L’acte de confirmation arriva à Cairouan vers la fin de l’année suivante. Dans cette pièce, le gouvernement fatemide accorda à El-Moëzz le titre de Chéref-ed-Dola (l’honneur de l’empire). — En-Nouaïri ; Man. ar. de la Bib. nat. ; anc. fonds, n° 702, fol. 37.
  2. Il mourut en l’an 487. Ce fut son fils El-Mostâli qui mourut en 495.
  3. Ibn-el-Athîr dit, dans ses Annales, sous l’année 406, qu’El-Moëzz porta le peuple de l’Ifrîkïa à adopter le rite de Malek, eux qui auparavant avaient suivi celui d’Abou-Hanîfa.
  4. Le mot rafédi signifie hérétique. Il s’applique surtout aux partisans des fatemides.