Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
TRIBUS ARABES.

hadjien entretenait à son service]. Les Arabes y pénétrèrent aussitôt après, et commencèrent l’œuvre de dévastation, pillant les boutiques, abattant les édifices publics, et saccageant les maisons ; de sorte qu’ils détruisirent toute la beauté, tout l’éclat des monuments de Cairouan. Rien de ce que les princes sanhadjiens avaient laissé dans leurs palais n’échappa à l’avidité de ces brigands : tout ce qu’il y avait dans la ville fut emporté ou détruit ; les habitants se dispersèrent au loin, et ainsi fut consommée cette grande catastrophe.

Les Arabes marchèrent ensuite contre El-Mehdïa et réduisirent cette ville à la dernière extrêmité en lui coupant les communications et les vivres.

Après avoir renversé le pouvoir des Sanhadja, les envahisseurs tournèrent leurs armes contre les Zenata et leur enlevèrent tout le pays ouvert. La guerre entre ces deux peuples ne se termina pas de si tôt, et un descendant de Mohammed-Ibn-Khazer, qui régnait à Tlemcen, plaça un corps de troupes sous les ordres de son vizir Abou-Soda-Khalîfa-el-Ifréni, et l’envoya combattre les Arabes. Il s’ensuivit une longue série d’hostilités ; mais, dans une dernière bataille, l’armée d’Abou-Soda fut mise en déroute et lui-même y perdit la vie.

Tous ces événements ébranlèrent profondément la prospérité de l’Ifrîkïa ; la dévastation s’étendit partout, et une foule de brigands interceptaient les routes et dépouillaient les voyageurs.

A cette époque, le commandement des Zenata et des Berbères nomades était partagé entre quatre grandes familles, les Ifren, les Maghraoua, les Ouémannou et les Ilouman. Après avoir vaincu les Sanhadja et enlevé aux Zenata les pays ouverts de l’Ifrîkïa, les Arabes conquirent encore la province du Zab ; et ayant subjugué tous les Berbères de cette région, ils les accablèrent d’impôts et de contributions.

Lors de leur entrée en Ifrîkïa, les Arabes avaient à leur tête plusieurs chefs de grand renom. De ces personnages, les plus célèbres furent Hacen-Ibn-Serhan, son frère, Bedr-Ibn-Serhan et Fadl-Ibn-Nahed (ces trois guerriers tiraient leur origine de Doreid, un descendant d’Athbedj) ; puis, Madi-Ibn-Mocreb de la