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HISTOIRE DES BERBÈRES.

saient toujours et qui ébranlaient la puissance des Athbedj, les Almohades vinrent les surprendre.

Du temps des Sanhadja, les familles sorties d’Athbedj exerçaient le commandement sur les autres tribus arabes au nom de cette dynastie ; mais les Almohades ayant conquis l’Ifrîkïa, déportèrent en Maghreb les Acem, les Mocaddem et les Corra, avec leurs dépendants, les Djochem. Après leur départ, la tribu de Rîah atteignit à une grande puissance, et s’étant emparé de la campagne dans la province de Constantine, elle y fut rejointe par son émir Masoud-Ibn-Zemam, qui s’était échappé du Maghreb.

La famille des Douaouida [branche de la tribu de Rîah] acquit alors une prépondérance qui la rendit formidable aux états voisins et aux gouverneurs des villes et des provinces. Elle accabla le pays par ses exactions, et ayant subjugué les fractions de la tribu d’Athbedj qui s’y trouvaient encore, elle renonça à la vie nomade et se fixa dans les bourgades et les châteaux du Zab.

Quand les Hafsides déclarèrent la guerre aux Douaouida (comme nous le raconterons dans l’histoire de cette dynastie), ils poussèrent les Beni-Soleim à combattre cette famille et leur concédèrent pour résidence la ville de Cairouan. Ils s’attachèrent, en même temps, la tribu de Kerfa, branche de celle d’Athbedj. Dès lors, les Kerfa se montrèrent toujours hostiles aux Rîah et amis du sultan de Tunis. Les Hafsides leur accordèrent le produit des impôts fournis par l’Auras oriental ainsi que par un grand nombre de villes situées dans l’est de la province du Zab ; précisément là où se trouvaient les territoires qu’ils parcouraient, chaque hiver, avec leurs troupeaux. L’empire hafside s’étant ensuite affaibli, fut trahi par la fortune et ne put plus contenir la tribu de Rîah qui, ayant repris de nouvelles forces, enleva ces pâturages aux nomades qui les occupaient. Les Kerfa se fixèrent alors dans les localités de l’Auras qui leur avaient déjà été concédées ; mais, en s’établissant ainsi à demeure fixe, il leur fallut se subdiviser. Une fraction de cette tribu conserva, il est vrai, ses habitudes nomades et alla parcourir les frontières du Zab, fait dont nous aurons ailleurs l’occasion de parler.

La tribu de Kerfa se compose d’un grand nombre de familles