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TRIBUS ARABES.

Beni-Djaber. Pendant toute la durée de la dynastie almohade, la famille Djermoun exerça le commandement chez les Sofyan. Appelés au secours de la dynastie d’Abd-el-Moumen dont la puissance commençait à décliner, les Djochem, forts par leur nombre et animés encore de l’esprit d’indépendance qu’ils avaient contracté pendant leur ancien genre de vie, se mirent à dominer l’empire, pousser les princes du sang à l’insurrection, se montrer tantôt amis, tantôt ennemis du khalifat de Maroc et imprimer partout les traces de leurs ravages.

Quand les Mérinides allèrent enlever le Maghreb aux Almohades et s’emparer de la double ville de Fez, ils ne rencontrèrent parmi les troupes chargées de la défense du pays, aucun corps qui fit une plus vigoureuse résistance que les bandes des Djochem et des Rîah. Ces deux peuples n’ayant renoncé à la vie nomade que depuis peu de temps, conservaient encore leur ancienne bravoure et ne firent leur soumission qu’après avoir livré plusieurs batailles et subi de nombreuses défaites. Affaiblis, à la fin, par les grandes pertes qu’ils venaient d’éprouver, ces Arabes reconnurent l’autorité de la dynastie naissante. Dès lors, les Mérinides s’allièrent par des mariages avec les Beni-Mohelhel, famille des Kholt, de même que les Almohades avaient eu coutume de faire avec la tribu de Sofyan. Mais le temps opéra ses changements ordinaires : la fortune abandonna les Djochem ; leur renommée s’obscurcit ; ils oublièrent jusqu’au souvenir de la vie pastorale, et réduits enfin au rang des peuples soumis à l’impôt, il leur fallut fournir de l’argent et des hommes pour le service du sultan.

Nous allons maintenant traiter des quatre peuples auxquels on donne le nom de Djochem ; nous retracerons l’histoire de chacun d’eux et nous dirons la vérité sur leur origine. On y verra qu’ils ne descendent pas de Djochem, bien que l’opinion générale le leur assigne pour ancêtre.

La tribu de Sofyan est comptée au nombre de celles qui descendent de Djochem. Ce Djochem, dont le nom nous est si famillier, était fils de Moaouïa, fils de Bekr, fils de Houazen, s’il n’appartenait pas à quelque autre famille. Sous le règne du sultan almohade El-Mamoun et du temps de ses fils, la tribu de Sofyan