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HISTOIRE DES BERBÈRES.

aux Arabes beaucoup de monde. Abd-Allah, fils de ce Mohammed, y perdit la vie, ainsi que son cousin, Abou-’s-Cheikh[1] Harakat-Ibn-Açaker.

Après la mort d’Abou-Mohammed le Hafside, Mohammed, fils de Masoud, rentra en Ifrîkïa dont il subjugua toutes les campagnes, et rallia autour de lui les nomades de la tribu d’Athbedj qui y restaient encore. Ses nouveaux alliés, qui formaient les tribus de Dahhak et de Latîf, profitèrent de son appui pour accabler leurs rivaux, les Doreid [ou Drîd] et les Kerfa ; mais, ayant été contraints, par leur faiblesse toujours croissante, à quitter la vie nomade, ils se dispersèrent dans les villages et les hameaux du Zab. Quant à Mohammed-Ibn-Masoud, il continua à vivre sous la tente avec sa tribu et parvint enfin au commandement de tous les nomades qui occupaient les campagnes situées entre Castîlïa, le Zab, Cairouan et El-Mecîla.

En 631 (1233-4), lors de la mort d’Ibn-Ghanîa et de la chute de son empire, le sultan hafside [l’émir Abou-Zékérïa] Yahya, fils d’Abd-el-Ouahed, profita de l’affaiblissement de l’empire almohade établi à Maroc, pour usurper le khalifat de Tunis. Il acquit ainsi une telle supériorité sur les Arabes qu’il brisa tout-à-fait le parti qu’Ibn-Ghanîa s’était formé dans les tribus de Rîah et de Soleim. La présence des Douaouida sur le sol de l’Ifrîkïa, leur esprit d’insubordination et leur attachement à Ibn-Ghanîa avaient indisposé les Hafsides contre eux ; aussi l’émir Abou-Zékérïa s’empressa de gagner les Soleim et les attacher à son gouvernement.

Cette tribu était alors établie à Cabes, à Tripoli et dans les cantons voisins de ces villes, et elle reconnaissait à la famille de Mirdas et aux Kaoub le droit de la commander. L’administration hafside l’ayant maintenant autorisée à se fixer dans Cairouan et la province de Castîlïa, ne cessa de fomenter la mésintelligence qui régnait entre elle et les tribus rîahides.

Quelque temps auparavant, Mohammed-Ibn-Masoud était

  1. Les manuscrits et le texte imprimé portent Abou-’s-Cheikh-Ibn-Harakat, faute qui provient du premier copiste ou de l’auteur lui-même.