Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
HISTOIRE DES BERBÈRES.

dant la nuit, au secours des assiégés. Avec cette troupe marchèrent aussi les Aulad-Harbi, branche des Douaouida. Le lendemain, de bonne heure, ils surprirent les insurgés, et dans le combat qui s’ensuivit, ils tuèrent Séada et un grand nombre de ses partisans. On porta la tête de cet aventurier à Ibn-Mozni.

Les autres disciples du réformateur ayant appris cette nouvelle, quittèrent leurs quartiers d’hiver et rentrèrent dans le Zab sous la conduite d’Abou-Yahya-Ibn-Ahmed-Ibn-Omar, chef des Aulad-Mahrèz. Cet émir avait sous ses ordres Atïa-Ibn-Soleiman, chef des Aulad-Sebâ, Eïça-Ibn-Yahya, chef des Aulad-Açaker, et Mohammed-Ibn-Hacen, chef des Aulad-Atïa. Ayant alors bloqué Biskera, ils abattirent les dattiers aux environs de la ville et brûlèrent vifs tous les percepteurs d’Ibn-Mozni qui tombèrent entre leurs mains.

Les deux partis en étaient ainsi venus à une rupture ouverte quand Ibn-Mozni fit un appel aux partisans qu’il avait parmi les Douaouida. Deux puissants chefs, les plus braves guerriers de cette tribu, Ali-Ibn-Ahmed, cheikh des Aulad-Mohammed, et Soleiman-Ibn-Ali, cheikh des Aulad-Sebâ, répondirent à son invitation, et marchèrent avec Ali, fils d’Ibn-Mozni, à la rencontre des marabouts. Dans le combat qui s’ensuivit et qui eut lieu dans le Désert, en l’an 713 (1313-4), Ali-Ibn-Mozni, qui commandait les troupes du sultan, perdit la vie. Les insurgés remportèrent une victoire complète, et ayant fait prisonnier Ali-Ibn-Ahmed, ils le conduisirent devant Eïça-Ibn-Yahya. Ce chef lui rendit la liberté par égard pour son collègue, Abou-Yahya-Ibn-Ahmed, qui était frère du captif.

Dès lors la puissance des Sonnites prit un grand accroissement ; mais, enfin, Abou-Yahya-Ibn-Ahmed mourut ainsi qu’Eïça-Ibn-Yahya, et les Aulad-Mahrèz se détachèrent de la coalition. Alors les Sonnites tinrent conseil à l’effet de se choisir un docteur capable de les éclairer sur les points obscurs de la loi et sur les pratiques de dévotion qui pourraient les embarrasser, et ils jetèrent les yeux sur Abou-Abd-Allah-Mohammed-Ibn-el-Azrac, natif de Maggara. Ce savant jurisconsulte avait fait ses études à Bougie sous Abou-Mohammed-ez-Zouaoui, un des principaux