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HISTOIRE DES BERBÈRES.

à son fils Abou-Tachefîn la commission d’aller percevoir les impôts dû par leurs tribus, de sorte que ce prince, ayant réuni autant de troupes qu’il jugea nécessaire, se trouva assez fort pour arrêter El-Masoud et dix autres personnes de la famille d’Amer-Ibn-Ibrahîm. Après avoir frappé ce coup, Abou-Tachefîn se dirigea vers Cîrat avec ses Arabes afin de surprendre les tribus des Beni-Yacoub qui avaient pris leurs cantonnements dans ce pays. Pour mieux y réussir, il avait posté les Soueid dans la vallée du Mîna, d’où ils pouvaient facilement attaquer l’ennemi à l’improviste. Vers la pointe du jour la portion des Beni-Amer qui l’accompagnait atteignit les Beni-Yacoub dans l’endroit où ils étaient campés, et à la suite d’une charge à fond, elle leur enleva tout, troupeaux, tentes et bagages. Les fuyards tâchèrent de gagner le Désert, mais parvenus à Beni-Rached, ils rencontrèrent Abou-Tachefîn et périrent presque tous. Un très petit nombre d’entr’eux réussit à se jeter dans le Désert, et Saci-Ibn-Soleim, qui les y avait accompagnés, alla se mettre sous la protection des Nadr-Ibn-Oroua.

Le commandement des Beni-Amer passa alors à Soleiman-Ibn-Ibrahîm-Ibn-Yacoub et à son lieutenant, Abd-Allah-Ibn-Asker-Ibn-Moarref-Ibn-Yacoub, chef qui possédait l’amitié du sultan. Telle était la position de ces tribus quand le sultan Abou-’l-Abbas-Ahmed, fils d’Abou-Salem, employa l’intervention de Ouenzemmar-Ibn-Arîf en faveur des parents d’El-Masoud et de ce chef lui-même, bien qu’il eut déjà poussé Abou-Hammou et ses frères à les perdre. Le souverain abd-el-ouadite s’empressa de relâcher les prisonniers ; mais à peine eurent-ils recouvré la liberté qu’ils levèrent de nouveau l’étendard de la révolte, et étant passés dans le Désert, ils rallièrent autour d’eux presque tous les membres de la famille d’Ibrahîm-Ibn-Yacoub. En même temps les débris des Beni-Yacoub quittèrent les lieux où ils vivaient dispersés, et ayant rejoint leur ancien chef, Saci-Ibn-Soleim, ils se fixèrent tous au milieu de la tribu d’Oroua. Saci chargea alors ses frères d’aller solliciter l’appui du sultan [hafside] Abou-’l-Abbas, le même qui est encore souverain de l’Ifrîkïa. Ce prince accueillit les envoyés arabes avec une bienveillance parfaite ; il