Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
TRIBUS ARABES.

chés à ce pince, mais les Beni-Auf, tribu soleimide, continuèrent au service d’Abou-Mohammed.

Quand Abou-Zékérïa, fils de l’émir Abou-Mohammed, devint maître de l’Ifrîkïa, toutes ces tribus, à l’exception des Douaouida rîahides, vinrent se joindre à lui, de sorte que ceux-ci se trouvèrent en minorité. Abou-Zékérïa ayant enfin écrasé la faction qui soutenait Ibn-Ghanîa, prit la résolution d’expulser les Rîah de l’Ifrîkïa à cause de leurs brigandages, et, pour effectuer ce projet, il prit à son service les tribus descendues de Mirdas et d’Allac. Ces peuplades occupaient alors les environs de Cabes et les régions maritimes [de l’Ifrîkïa].

A cette époque, le droit de commandement chez les Mirdas, appartenait à Aun-Ibn-Djamê, lequel eut pour successeur son fils Youçof. De celui-ci l’autorité passa à Einan-Ibn-Djaber-Ibn-Djamê. Les Allac reconnaissaient pour chefs les Kaoub, et ils obéissaient aux fils de Chîha-Ibn-Yacoub-Ibn-Kâb. Lors de leur entrée en Ifrîkïa, sous le règne d’El-Moëzz [-Ibn-Badîs], ils eurent à leur tête Rafê-Ibn-Hammad. Ce chef portait alors l’étendard sous lequel un de ses ancêtres avait combattu pour le Prophête. Les Kaoub se disent même descendus de l’aïeul de Rafê.

Le sultan ayant donc pris ces tribus pour auxiliaires, les établit dans la plaine de Cairouan, en les comblant de dons et de bienfaits. Dès ce moment, elles commencèrent à faire reculer les Douaouida qui, jusqu’alors, avaient dominé sur toute la province de l’Ifrîkïa.

Mohammed-Ibn-Masoud-Ibn-Soltan [chef qui gouvernait les Rîah] du temps d’Abou-Mohammed le hafside, possédait la ville d’Obba à titre d’ictâ. Une certaine année, il arriva qu’une caravane de Mirdacides passa chez lui pour faire sa provision de blé. Ces étrangers virent avec jalousie l’aisance dont les Douaouida jouissaient sur les plateaux de cette région, et formant aussitôt le projet de les déposséder, ils les attaquèrent vigoureusement et les mirent en déroute après leur avoir tué Rizc-Ibn-Soltan. Cette usurpation amena une longue suite de guerres entre les deux tribus ; aussi, quand l’émir Abou-Zékérïa poussa les Soleim contre les Douaouida, il les trouva parfaitement dispo-