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TRIBUS ARABES.

A cette adresse Einan répondit par un poème commençant ainsi :

Chers amis ! tournez tous les deux les têtes de vos chameaux sveltes et rapides vers la demeure qui s’élève entre Selâ et Hadjer[1].

Dans cette pièce il essaie d’excuser sa défection et de fléchir le sultan ; mais de ceci nous parlerons ailleurs, en traitant de la dynastie hafside. Plus tard, il entreprit le voyage de Maroc dans l’espoir de pousser le khalife Es-Saîd, prince de la famille d’Abd-el-Moumen, à faire la guerre aux Hafsides, mais il mourut en chemin et fut enterré à Salé.

Jusqu’à la mort de l’émir Abou-Zékérïa, la tribu de Mirdas se comporta tantôt en amie de l’empire hafside et tantôt en ennemie, mais lorsqu’El-Mostancer, fils et successeur de ce prince, eut consolidé son autorité, les Kaoub contractèrent une ferme alliance avec lui, et leur chef, Abd-Allah-Ibn-Chîha, l’avertit des mauvaises intentions qui animaient les Mirdacides. Ibn-Djamê[2] lui-même confirma cette dénonciation par son propre témoignage. [Ibn-Chîha] ayant alors rassemblé autour de lui toutes les branches de la tribu d’Allac, attaqua celle de Mirdas, lui enleva les territoires qu’elle possédait, ainsi que la faveur du sultan, et l’expulsa de l’Ifrîkïa.

Elle passa alors dans le Désert où elle se trouve encore aujourd’hui. Devenue l’une des peuplades arabes qui s’appliquent à la vie nomade, elle parcourt les sables avec ses troupeaux, et quand elle veut rentrer dans le Tell pour faire sa provision de blé, elle doit obtenir d’avance la protection des Soleim ou des Rîah. Elle

  1. Ghada est le nom d’un territoire en Diar-Bekr ; Es-Souadjer est une rivière de la Syrie, dans le district d’El-Manbedj ; Selâ est un endroit près de Médine, et Hadjer un village du Hidjaz, en Arabie. Pour expliquer l’emploi de ces noms de lieu il faut se rappeler que dans tous les poèmes arabes où les règles de l’art et du bon goût sont observées, l’auteur ne manque jamais de placer la scène de l’action en Arabie ou dans le désert de la Syrie.
  2. On ne comprend pas la conduite de cet Ibn-Djamê, qui devait lui-même être chef des Mirdas, à en juger d’après son nom.