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HISTOIRE DES BERBÈRES.

mandement des Kaoub et des autres branches de la tribu de Beni-Yahya. Son succès excita la jalousie des Beni-Mohelhel, famille rivale de la sienne, qui n’aspirait qu’au moment où elle pourrait le renverser et prendre sa place. Il eut pour lieutenant Moëzz-Ibn-Motaên, de la tribu de Fezara, lequel avait été vizir [coadjuteur] de son père.

La famille de Hamza conçut enfin des soupçons au sujet de la mort de son chef, et s’étant imaginé qu’Abou-Aun avait été aposté par le gouvernement hafside pour le tuer, elle prit les armes avec l’intention de se venger, et, secondée par ses rivaux, les Mohelhel, elle vint camper sous les murs de Tunis. Bientôt, cependant, de graves dissensions éclatèrent parmi les assiégeants, et Talha, fils de Mohelhel, passa, avec son peuple, du côté du sultan. Ce prince marcha aussitôt à la poursuite des autres insurgés et leur infligea un sévère châtiment près de Cairouan. Moëzz-Ibn-Motaên, accompagné des cheikhs kaoubiens, se rendit à Cafsa, auprès de l’émir Abou-’l-Abbas, fils d’Abou-Yahya, qu’il espérait pousser à la révolte contre le sultan son père. Le jeune prince répondit à cette démarche en faisant mettre à mort celui qui l’avait entreprise. Les autres membres de la députation parvinrent à s’échapper et prirent le parti de faire leur soumission et de donner des ôtages.

Quand Abou-Hafs-Omar se fut emparé du pouvoir, après la mort de son père, le sultan Abou-Yahya, tous les Kaoub se détachèrent de lui pour embrasser le parti de son frère Abou-’l-Abbas, gouverneur du Djerîd, qui avait été publiquement reconnu comme héritier du trône. Ils accompagnèrent ce prince à Tunis, emmenant avec eux leurs familles et leurs troupeaux, et ils entrèrent avec lui dans la ville. Bientôt après, Abou-’l-Abbas tomba sous les coups de son frère Abou-Hafs-Omar, comme nous le raconterons ailleurs. Abou-’l-Haul, fils de Hamza, perdit la vie en même temps, et cette circonstance contribua beaucoup à indisposer les Kaoub contre l’usurpateur.

Une députation composée des principaux officiers de l’empire hafside et de tous les grands cheikhs de l’Ifrîkïa, se rendit alors auprès d’Abou-’l-Hacen, sultan du Maghreb [pour lui faire hom-