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LEUR ORIGINE.

celui qui éloigna les Berbères de la Syrie. Les uns disent que ce fut David qui les en chassa après avoir reçu par une révélation divine l’ordre suivant : O David ! fais sortir les Berbères de la Syrie, car ils sont la lèpre du pays. D’autres veulent que ce soit Josué, fils de Noun, ou bien Ifrîcos, ou bien encore un des rois Tobba qui les en expulsa. »

El-Bekri[1] les fait chasser de la Syrie par les Israélites, après la mort de Goliath, et il s’accorde avec El-Masoudi à les représenter comme s’étant enfuis dans le Maghreb à la suite de cet événement. Ils avaient voulu rester en Egypte, dit-il, mais ayant été contraints par les Coptes à quitter ce pays, ils allèrent à Barca, en Ifrîkïa et en Maghreb. Ayant eu à soutenir dans ces contrées une longue guerre contre les Francs et les Africains, ils les obligèrent à passer en Sicile, en Sardaigne, en Maïorque et en Espagne. Ensuite la paix se rétablit à la condition que les Francs n’habiteraient que les villes du pays. Pendant plusieurs siècles, les Berbères vécurent sous la tente, dans les régions abandonnées, et ne s’occupaient qu’à mener paître leurs troupeaux aux environs des grandes villes, depuis Alexandrie jusqu’à l’Océan, et depuis Tanger jusqu’à Sous. Tel fut l’état dans lequel l’Islamisme les trouva. Il y avait alors parmi eux [des tribus] qui professaient la religion juive ; d’autres étaient chrétiennes, et d’autres, païennes, adorateurs du soleil, de la lune et des idoles. Comme ils avaient à leur tête des rois et des chefs, ils soutinrent contre les musulmans plusieurs guerres très-célèbres.

« Satan, dit Es-Souli-el-Bekri[2], sema la discorde entre les

  1. Abou-Obeid-Abd-Allah, fils d’Abd-el-Azîz-el-Bekri, seigneur de Huelva, en Espagne, fut vizir de Mohammed-Ibn-Mân-Moëzz-ed-Dola, souverain d’Alméria. Il composa un dictionnaire géographique et un grand ouvrage historique et géographique intitulé Meçalek oua Memalek (routes et royaumes). Il mourut en 487 (1094). — (Ibn-Khallikan, vol. i, page 319, note.)
  2. Es-Souli-el-Bekri. Ceci paraît être une erreur commise par l’auteur qui, ayant voulu remplacer le nom d’El-Bekri par celui d’Es-Souli, ou vice versa, aura oublié d’en effacer le premier de son manuscrit après y avoir inséré l’autre.
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