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HISTOIRE DES BERBÈRES.

Ils citent encore les vers suivants, tirés d’un poème composé par Yezîd-Ibn-Khaled à la louange des Berbères :

O toi qui désires connaître nos aïeux ! [descendants de] Caïs-Ghailan, nous sommes les enfants de la noblesse la plus ancienne.

Tant que nous vivrons, nous serons fils de Berr le généreux ; rejetons d’une souche enracinée dans le sol de la gloire.

Berr s’est élevé un édifice de gloire dont l’éclat rejaillit au loin, et il nous a garantis contre les malheurs les plus graves.

Berr réclame Caïs pour aïeul ; et certes Caïs peut réclamer parenté avec Berr.

La gloire de Caïs est la nôtre ; il est notre grand aïeul, le même qui sut briser les chaînes des captifs.

Caïs, Caïs-Ghailan, est la source du vrai honneur et notre guide vers la vertu.

En fait de bonté [Berr] que le Berr de notre peuple te suffise ; ils ont subjugué la terre avec la pointe de la lance.

Et avec des épées qui, dans les mains de nos guerriers ardents, abattent les têtes de ceux qui méconnaissent le bon droit.

Portez aux Berbères, de ma part, un éloge brodé avec les perles de la poésie la plus exquise[1].

Voici un récit provenant des généalogistes berbères et reproduit par El-Bekri et d’autres auteurs : « Moder avait deux fils ; El-Yas et Ghailan. Leur mère, er-Rebab, était fille de Hîda-Ibn-Amr-Ibn-Mâdd-Ibn-Adnan. Ghailan, fils de Moder, engendra Caïs et Dehman. Les enfants de Dehman sont peu nombreux et forment une famille caïside à laquelle on donne le nom de Beni-Amama. Dans cette maison naquit une fille qui porta le nom d’El-Beha, fille de Dehman. Quant à Caïs, fils de Ghailan, il engendra quatre fils : Sâd, Amr, Berr et

  1. Les morceaux de vers cités ici sont en fort mauvais arabe. Cette circonstance, jointe au décousu des idées et aux incorrections grammaticales qui les caractérisent, indique suffisamment qu’ils ont été fabriqués par des Berbères peu instruits, qui croyaient pouvoir relever l’honneur de leur nation en lui attribuant une origine arabe.