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LES LOUATA.

qui les avoisinent. Ils peuvent mettre en campagne un millier de cavaliers et un grand nombre de fantassins. C’est au moyen de leur appui que le gouvernement hafside se fait payer l’impôt par les tribus de cette montagne. Dans l’accomplissement de leur tâche, les Louata font preuve de beaucoup de zèle et d’habileté. Ils fournissaient autrefois un contingent d’hommes à l’armée de l’empire, toutes les fois qu’elle se mettait en campagne. Quand l’autorité du gouvernement eut enfin cessé de se faire sentir dans l’Auras, les Beni-Séada, tribu loautienne, passa dans le territoire dont les Aulad-Mohammed, branche des Douaouida, avaient obtenu la concession[1], et remplirent auprès d’eux les mêmes fonctions qu’ils avaient précédemment exercées au service des Hafsides. Dans la suite, les Douaouida parvinrent à les soumettre eux-mêmes au paiement de l’impôt et les obligèrent à leur fournir un contingent de troupes ; les réduisant ainsi au rang de sujets tributaires. Deux fractions des Louata, les Beni-Rîhan et les Beni-Badîs, conservèrent leur indépendance, n’ayant jamais été placées par le gouvernement sous la domination d’une autre tribu ; mais, enfin, Mansour-Ibn-Mozni ajouta leur territoire à ses états. Quand la famille Mozni se fut rendue indépendante dans le Zab, elle se faisait payer l’impôt par ces peuplades pendant quelques années en lançant contre elles un ramas de vagabonds arabes. De nos jours elles se tiennent sur leur montagne, sans oser descendre dans la plaine, tant ils craignent la violence et la rapacité de ces nomades.

Les Beni-Badîs se sont emparés des plaines à l’entour de Nigaous, et ils tirent de cette ville des sommes considérables à titre de tribut. Nigaous s’élève au pied de la montagne dont nous venons de parler. Quand les Arabes rentrent dans le désert pour y prendre leurs quartiers d’hiver, les Beni-Badîs vont toucher le tribut et les droits de sauf-conduit qui leur sont dus ; puis, au retour des Arabes dans leurs quartiers d’été, ils remontent jusqu’aux endroits les plus escarpés de leur montagne.

Une nombreuse population des Louata habitait au midi de

  1. Voyez ci-devant, page 77.