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IBN-ABD-EL-HAKEM.

tier, arrivèrent auprès de l’Eglise et poussèrent le cri d’Allah akber ! (Dieu est très-grand !). Les Grecs coururent se réfugier dans leurs vaisseaux, et Amr, voyant qu’il y avait des épées tirées au milieu de la ville, y pénétra avec son armée. Les Grecs ne purent s’échapper que dans leurs navires les plus légers et la ville fut livrée au pillage.

Le peuple de Sabra avait mis cette ville en état de défense, mais, en apprenant qu’Amr ne faisait aucun progrès dans sa tentative contre Tripoli et que tous ses efforts étaient vains, ils se laissèrent aller à une sécurité entière. Le nom de Tripoli était Benara[1]. Sabra était l’ancien lieu de marché (es-souc el-cadîm), et ce fut Abd-er-Rahman-Ibn-Habîb qui, en l’an 31[2], transporta ce [marché] à Tripoli.

Quand Amr-Ibn-el-Aci se fut emparé de Tripoli, il fit partir un fort détachement de cavalerie, avec l’ordre de presser sa marche. Le lendemain, au matin, ce corps arriva à Sabra, dont les habitants, oubliant toute précaution, avaient ouvert les portes pour envoyer paître leurs bestiaux. Les [musulmans] pénétrèrent dans la ville sans que personne pût s’en échapper, et [l’armée d’] Amr s’empara de tout ce qu’elle renfermait. Ce détachement alla ensuite rejoindre Amr.

§ III. — AMR-IBN-EL-ACI DEMANDE [AU KHALIFE] OMAR-IBN-EL-KHATTAB LA PERMISSION DE FAIRE UNE EXPÉDITION EN IFRÎKÏA.

Amr désirait envoyer une expédition dans le Maghreb, et il écrivit à Omar une lettre dans laquelle il disait : « Dieu nous a rendus maîtres de Tripoli, qui n’est qu’à sept journées de l’Ifrîkïa ; le Commandant des croyants voudra-t-il nous autoriser à y faire une expédition ? Le mérite de cette conquête sera à lui, si Dieu nous donne la victoire. » A cette demande, Omar écrivit

  1. Variantes : Yenara, Nebaoua. L’ancien nom de Tripoli était Oea, dont Nebaoua est peut-être une altération.
  2. Il faut lire 131 ; Abd-er-Rahman gouverna l’Afrique depuis l’an 127 jusqu’à l’an 137. — Les historiens arabes, et Ibn-Khaldoun surtout, ont la mauvaise habitude de ne pas toujours indiquer les centaines en marquant les dates des événements qu’ils racontent.